mercredi 29 janvier 2014

Du racisme dans l'ordinaire du quotidien

Ce soir, j’entre au mcdo sur Masson, coin Iberville, dans Rosemont. Sous la lumière vive des néons, je balais du regard la salle à manger – cette salle où l’on consent à bouffer d’la merde à prix modique. Puis je me retourne vers les caisses et la cuisine, et je remarque, comme un contraste de ton qui frappe aussitôt la vue, la couleur des employés : tous blacks, hommes et femmes, mais noirs, noirs de peau.

Comme un contraste, dis-je, car le découpage était parfait : entre la salle à manger, d’une part, et les caisses et la cuisine, d’autre part. Découpage dans l’espace qui reposait sur celui des peaux : entre les clients blancs, seulement blancs, et les salariés noirs, seulement noirs.

Un découpage structurel, presque banal, et dont la perfection relevait sans doute d’un certain hasard : des noirs mangent au mcdo, et des blancs y travaillent aussi. Mais là, ce soir, dans ce quartier qui a subi, durant les vingt dernières années, un embourgeoisement sauvage et pourtant sourd et même déjà oublié, il y avait un découpage parfait, tranché au couteau.

D’où l’évidence du ridicule déséquilibre racial : dans un Rosemont d’une blancheur dorénavant immaculée, la cuisine du mcdo était peuplée de blacks, seulement de blacks. Et c’est peut-être là, dans ce déséquilibre des couleurs de peau que nous expérimentons ici et là, que se situe le racisme le plus contemporain. Celui que nous, blancs et blanches de toutes les conditions, banalisons jusqu’à l'oublier dans l'ordinaire du quotidien.

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