On manifeste dans les rues du
centre-ville ! on marche, casserole à la main, dans plusieurs
quartiers ! on forme des assemblées populaires pour s’organiser ! on
se surprend de notre puissance politique !
Et pourtant, on oublie l’essentiel :
on oublie que le triomphe de notre lutte dépend du soulèvement des quartiers
populaires, de l'émancipation des quartiers isolés, des quartiers d’immigrants,
des quartiers criminalisés, des quartiers chauds, des quartiers d’émeutiers. On
oublie St-Michel, Côtes-des-Neiges, Parc-Extension, Montréal-Nord.
On s’étonne de l’entêtement
gouvernemental devant les revendications étudiantes ! on se consterne de
la violente répression policière ! on condamne les arrestations
arbitraires ! on refuse l’ambition coercitive de la loi 78 !
Et pourtant, on oublie que les quartiers populaires subissent
déjà l’autorité des politiques néolibérales : on oublie que St-Michel vit déjà
l’exclusion sociale, que Parc-Extension ignore déjà l’université, que
Côtes-des-Neiges endure déjà la répression arbitraire, que Montréal-Nord
souffre déjà d’une pauvreté endémique.
On se félicite de nos manifestations et
de leur ampleur ! on contemple notre révolte et sa force ! on
réfléchit notre mouvement comme le déclencheur d’un réveil politique !
Mais on oublie que Montréal-Nord s’est
déjà révolté en 2008. On oublie que les quartiers populaires forment le cœur
des peuples. On oublie que seule la puissance populaire contient le courage de
la liberté.
Cessons de diriger nos manifestations
vers le centre-ville !
Rencontrons les quartiers populaires qui
ceinturent nos quartiers !
Marchons ce soir jusqu’à St-Michel !
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