mardi 7 avril 2015

De la nécessité de l’unité pour contrer les expulsions politiques

Écrit dimanche le 5 avril

Le feu exécutif de l’ASSÉ est maintenant hors de combat. Nous qui avons été choqué-es par ses manœuvres, nous qui avons dénoncé son appel au repli stratégique, nous avons obtenu gain de cause. Les membres du comité ont même offert leur démission à l’ouverture du Congrès, et sans doute ce seul geste aurait-il suffi à réparer la faute. C’était déjà la reconnaissance d’un désaveu. Cela ouvrait déjà la porte au renouvellement souhaité. Mais une colère, qui était à plusieurs égards justifiée, a pavé les sentiers de la riposte, et la destitution a été imposée.

Pourquoi en a-t-il été ainsi ? Cela a-t-il été motivé par le ressentiment ? Ou par un quelconque désir d’humiliation ? Et la trahison du huis clos, était-ce pour camoufler la destitution ? Ou encore, pour protéger l’image dorée du comité exécutif destitué ?

Je vais vous le dire sans ambages : toutes ces questions, comme leurs réponses, m’apparaissent futiles, et pour ainsi dire vides de sens à l’heure où nous nous parlons. Peut-être les manières de la destitution ont-elle été brutales. Sans doute répondaient-elles à la gravité de la faute. Beaucoup de choses ont même été dites durant les derniers 24 heures, des belles et des moins belles. Mais, maintenant, passons à autre chose. Allons vers l’avant. Marchons en direction du Printemps.

À la vérité, j’ai eu du mal à comprendre l’acharnement des uns et des autres. L’acharnement des uns à se défendre des accusations, et l’acharnement des autres à taper sur les défaits. On s’est engueulé-es jusqu’à se traiter de tous les noms. On s’est entredéchiré-es pour sauver l’orgueil des égos meurtris. Nos disputes  intestines se sont même retrouvé-es en pleine page des journaux ennemis. Mais le passé immédiat ne s’effacera pas à coup de règlements comptes et seule l’unité, au moins partielle ou temporaire, nous permettra d’affronter la lutte qui vient : la lutte contre les expulsions politiques à l’UQAM.

Vous pensez qu’il s’agit d’une lutte domestique ? D’une lutte propre à l’UQAM ? Vous avez tort. Il s’agit d’une lutte qui concerne l’essence même de la grève étudiante. Il s’agit d’une lutte qui met son existence en jeu, et je dirais même sa survie en danger. Si le rectorat de l’UQAM accomplit sa volonté répressive – celle encouragée par le ministre Blais – il y aura précédant : précédant qui pourrait avoir de lourdes conséquences sur l’avenir de la grève, sur le sort de tous les étudiant-es qui chercheront à combattre l’ère réactionnaire. Assurément, si elles réussissent à l’UQAM, les expulsions se reproduiront ailleurs. Au printemps ou à l’automne. Et de toute évidence, nous reculerons en lieu et place où nous devons avancer.

La grève de 2012 s’est érigée sur un refus de mourir, de mourir sous les coups de la répression. La grève de 2015, aussi brève soit-elle, ne peut davantage plier, non seulement en solidarité avec les expulsé-es, mais aussi par amour de la grève, de ce qu’elle ouvre comme possibilités et œuvre à faire naître.

Des bureaucrates mafieux veulent briser les vies de nos ami-es expulsé-es. Ils et elles veulent assassiner la grève étudiante de la même façon qu’ils et elles ont jadis assassiné la grève des travailleurs à coup de lois spéciales : en  brisant des résistances, en saccageant les espoirs des récalcitrant-es, en effaçant des volontés hétérogènes. Ils et elles voudront miser sur nos divisions. Mais faisons-les mentir. Rassemblons-nous autour de la question des expuslé-es et matons la direction de l’UQAM et sa volonté répressive. C’est de l’existence même la grève dont il est question, de la grève en cours comme de la grève à l’automne : de la grève rampante qui promet de réapparaître ici et là dans les prochaines années.


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